Du rififi à la caserne Niel : où en est-on aujourd’hui ? 29 mars 2017

Darwin en quelques points

Une large hybridation d’activités

  • + grand coworking de France (+ de 250 entreprises)
  • 1er restaurant bio de France (12 000 couvert / mois)
  • 1er skate club de France (+ de 3 000 membres)
  • Un village d’hébergement d’urgence pour les sans-abris et réfugiés
  • Ateliers solidaire : Emmaüs, réparation vélo et mécanique, action froid, …
  • Sport urbain : Bike Polo, Roller Derby, Basket 3×3, urban foot, BMX, crossfit, …
  • Club Nautique : Kayak, Stand Up Padle, voile, aviron.
  • Ferme urbaine : Permaculture, compostage urbain, rucher.
  • Enseignement alternatif : Classes de lycées expérimentales
  • Ateliers résidences d’artistes
  • Studio de répétition de musique
  • Digitoire : Atelier low tech et fab lab slow tech
  • Halles évènementielles  (de 10 000 m2 dédié à l’organisation d’événements)
  • Climax, un festival écolo unique en son genre (près 30 000 festivaliers en septembre 2016)

DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

  • 3000 m2 de commerces responsables
  • 6500 m2 de bureaux partagés
  • 250 entreprises hébergées en coworking ( + 1M € de CA cumulé )
  • 3% de subvention publiques

EMPLOIS

  • + de 600 emplois sur site
  • + 350 nouveaux emplois en 4 ans

RAYONNEMENT ATTRACTIVITE & FREQUENTATION

  • Près de 100 000 followers sur les réseaux sociaux
  • + de 1 500 usagers quotidien
  • 300 délégations reçues par an
  • + de 200 évènements par an
  • 800 000 visiteurs par an
  • 40 workshops par an

TRANSITION ECOLOGIQUE

  • 65% des darwiniens utilisent des solutions de mobilité douces
  • 100% sortie du nucléaire
  • 480m2 de panneaux photovoltaïque
  • 70 % des déchets recyclés dans 20 filières
  • 90% des besoins en eau par récupération des eaux pluviales
  • Un travailleur darwinien émet 5 fois moins de gaz à effet de serre qu’un travailleur sur un site de tertiaire classique (source : MIUSEEC)

Résumé des épisodes précédents

A la demande de la SAS Bastide Niel, aménageur promoteur de la ZAC du même nom, la Métropole de Bordeaux a décidé le 12 janvier 2017 de mettre un terme à l’occupation temporaire d’environ 2 hectares de terrain bâti et non bâti utilisés par une quarantaine d’associations culturelles, sportives, d’agriculture urbaine ou d’urgence sociale installées à Darwin et regroupées par la fédération « La 58ème ».

Motif invoqué : le respect des règles de sécurité et la mise en œuvre opérationnelle de la ZAC Bastide Niel qui suppose de libérer les lieux pour des opérations de promotion immobilière avant la fin de l’année.

Cette injonction soudaine est intervenue à un moment particulièrement sensible pour Darwin.

Depuis plusieurs mois en effet avaient lieu des discussions pour aboutir sur deux sujets très structurants pour le développement de l’écosystème :

– Avec l’aménageur-promoteur Bastide Niel d’une part sur le dossier des Magasins Généreux (appel à projet de rénovation obtenu il il y a bientôt trois ans face à Vinci), toujours en stand by du fait de l’attente interminable du protocole de promesse de vente qui aurait dû être effectif depuis juin 2016.

– Avec la Ville de Bordeaux d’autre part sur le dossier des Chantiers de la Garonne, pénalisé par la nullité de son autorisation d’occupation temporaire sur le domaine fluvial du fait d’erreurs incombant à l’administration.

Les dysfonctionnements subis sur ces deux dossiers, toujours non résolus à date, mettent gravement en difficulté la trésorerie de Darwin et ses capacités à faire face à ses engagements.

Dans ce contexte général de tensions multiples, Alain Juppé a missionné son adjointe à l’urbanisme Elizabeth Touton pour engager un processus de médiation afin d’apaiser les différends entre les protagonistes.

De nombreuses réunions de médiation ont eu lieu à ce jour.

 

Devant la stupéfaction générale, pourquoi n’avons-nous pas appelé à la mobilisation ?

Nous avons délibérément souhaité jouer le jeu de la médiation et espéré que ce processus soit fructueux.

Malgré la bienveillance de plusieurs élus comme Elisabeth Touton et Nicolas Florian, nous n’avons malheureusement toujours pas abouti sur la plupart des sujets de discussion, alors qu’un accord politique a été trouvé et des solutions techniques et/ou juridiques identifiées.

Cette situation bloquée nous désespère et place Darwin dans une situation d’incertitude préjudiciable à son développement sur de nombreux sujets. Il est donc temps de porter cette situation à la connaissance du plus grand nombre. D’où le lancement d’un comité de soutien.

 

Le processus de médiation a-t-il produit des résultats pour les associations ?

Après plusieurs réunions de médiation avec les associations de la 58ème, on peut se réjouir de quelques avancées, notamment une proposition de prolongation de l’autorisation d’occupation du Skatepark jusqu’en 2020 et l’acceptation (toujours tacite à ce jour) du maintien des associations sportives et sociales (Bike-Polo, EMMAUS,…) dans le bâtiment situé en face du Skatepark pour 12 à 18 mois supplémentaires.

Pour la suite, la pérennisation de ces dernières activités en ces lieux est subordonnée aux discussions avec la société Domofrance (un des associés de la SAS BASTIDE-NIEL) qui doit théoriquement construire un immeuble à cet emplacement. Rien n’est donc joué.

Plus inquiétant, l’avenir de la ZAUE (Zone d’Agriculture Urbaine Expérimentale) n’a pas encore pu faire l’objet de solutions. Une réunion ad-hoc reste à caler.  La question est sensible, tant ces activités sont très identitaires de Darwin (notamment la Ferme Niel qui développe depuis 5 ans des jardins en permaculture et qui devrait disparaître au profit de parkings silos).

Côté village d’hébergement d’urgence, comme cela était convenu dès l’origine du projet, les bénéficiaires sont suivis individuellement par le CCAS de la Ville pour trouver des solutions acceptables de sortie. Nous sommes fiers d’avoir contribué à notre mesure et même temporairement, à ce défi humanitaire qui reste entier.

 

Sur le fait que nous étions bien au courant qu’il faudrait un jour abandonner les occupations par définition « temporaires » 

Au moment où les équipements de proximité manquent dans les quartiers et que l’argent public fait défaut, pourquoi renoncer à des activités accessibles à tous, qui répondent à de « vrais » besoins et qui plaisent déjà à un large public ? Où est la logique ? Ne serait-il pas temps de « penser global pour agir local », de considérer sérieusement les défis écologiques et sociaux de notre époque pour les incarner par des réponses sincères sur les territoires ?

L’intérêt du futur quartier n’est-il justement pas de pouvoir capitaliser sur ce qui pourrait apporter immédiatement des services à un endroit où vont germer jusqu’à 3500 logements ? Partout ailleurs, c’est précisément ce que recherchent les urbanistes : pouvoir créer une âme là où ne poussent que des immeubles.

Nous continuerons à plaider cette cause auprès des élus en charge de la médiation à la Caserne Niel pour que demeure l’activité associative qui est l’intérêt général du territoire contrairement au seul intérêt financier de quelques uns.

 

Sur les problèmes de sécurité à Darwin

Depuis plus de 7 ans ont été organisés à Darwin des centaines d’événements publics et privés sans aucun incident à ce jour. Y compris le festival Climax ayant accueilli 27000 personnes en 2016 !

Si une friche est difficilement « aux normes », des mesures compensatoires en matière de sécurité sont systématiquement mises en œuvre pour éviter d’exposer le public à tout danger.

Compte-tenu du succès du lieu, un travail en profondeur est entrepris depuis des années avec les services de la collectivité compétents pour améliorer la situation, en lien direct avec l’élu en charge de ces questions, Jean-Louis David. Constructif et fructueux, ce processus est une démarche de progrès permanent. Darwin n’a jamais été aussi sécurisé qu’au moment où on nous reprochait d’agir légèrement !

Pour preuve de la réalité de ce travail établi en bonne intelligence avec la ville : la classement en ERP « Etablissement Recevant du Public » de la Halle Basse qui a permis d’accueillir la conférence de Pierre Rabhi et le concert du Chant des Colibris le 25 mars dernier.

 

Donc pas de démontage du Vortex ?

Cette éventualité mentionnée dans la presse nous a fait sourire.

Après les premières réserves des commissions de sécurité sur cette œuvre peu conventionnelle, les garanties de sécurité ont finalement été validées depuis déjà plusieurs mois.

L’Office de Tourisme de Bordeaux utilise d’ailleurs régulièrement pour ses clips promotionnels l’image du Vortex, devenue emblématique du territoire bordelais. Cette contribution au rayonnement culturel de notre territoire nous ravit et nous ne prévoyons pas de réclamer de droit à l’image à la collectivité contrairement aux architectes de la Cité du Vin 😉

 

Alors la rumeur selon laquelle Darwin fermerait n’est pas fondée ?

Darwin revendique un fonctionnement éco-systémique qui donne toute la force et la valeur au lieu. C’est précisément la transversalité et le décloisonnement entre entreprises et associations, marchand et non marchand, entrepreneurs et citoyens etc. qui crée localement de la haute qualité humaine, de l’innovation et des usages inédits, du développement économique et des emplois… tout en économisant des ressources matérielles et de l’argent public.

 

Amputer Darwin de sa dimension associative est un non sens et nuit évidemment à son rayonnement et à sa viabilité, comme a d’ailleurs tenu à le rappeler avec inquiétude le collectif d’entrepreneurs « Les darwiniens » qui fédère les 230 entreprises et les 600 emplois de Darwin, totalement solidaires de La 58ème.

(https://www.facebook.com/notes/les-darwiniens/il-était-une-fois-un-écosystème/1049837375121955)

Donc oui, la disparition de l’activité associative signifierait la fin de Darwin en tant qu’éco-système, et donc en tant que processus de transformation de la ville. Ce qui n’empêcherait pas les coworkings et les commerces de continuer à fonctionner… mais pas avec la même ambition de transition générale, ni avec le même souffle.

 

Pourquoi commencer une ZAC de 34 hectares précisément sur les seuls 2 petits hectares où ont lieu des activités ?

Cette question, nous nous la posons tous les jours.  Démarrer l’aménagement au seul endroit susceptible de générer des difficultés, là où germent précisément des activités populaires et avant-gardistes qui profitent au futur quartier, n’est-ce pas se tirer une balle dans le pied ? C’est ce que nous pensons.

L’accélération du calendrier de mise en route opérationnelle de la ZAC a été très soudain et n’a fait l’objet d’aucune explication crédible. Alors qu’on se félicite souvent de concertation avec le territoire, l’aménagement de Bastide Niel se fait dans une grande opacité.

Un plan guide urbain conçu au milieu des années 2000 est-il encore pertinent plus de 10 ans après, au moment où sévit une crise des finances publiques et un défi écologique majeur ?

Ne faudrait-il pas plutôt considérer l’existant et avancer en mode « low-tech » là où c’est possible ? Etre imaginatif pour repenser la densité, considérer les acteurs locaux, ménager plutôt qu’aménager ?

 

On entend que l’accès principal à l’allée Centrale pourrait être durablement empêché ?

Pourquoi tirer des câbles et des réseaux précisément sur l’allée centrale alors que d’autres artères moins fréquentées existent de part et d’autre ? Là encore, pas de réponse de l’aménageur-promoteur à cette question alors que c’est un sujet d’inquiétude majeur.

L’aménageur se veut rassurant mais, contrairement aux autres espaces publics soumis à des règles de concertation claires avec les parties prenantes, Darwin n’est pas associé à la réflexion opérationnelle sur les cheminements sur cette artère « stratégique ». Preuve supplémentaire d’un manque de transparence que nous déplorons.

Or les activités associatives, entrepreneuriales et commerciales déjà enclavées, qui fonctionnent principalement grâce à l’originalité du site et à sa vitalité, auraient à craindre des impacts très lourds en cas de fermeture subite.

 


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